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Trouver l'eau au coeur des montagnes.

 

                         Vue aérienne de la mine d'eau de Montaigu

L’eau est un élément indispensable à toute forme de vie à la surface de la Terre mais n’est pas pour autant répartie de façon équitable. Ses besoins en eau douce allant en croissant, l’homme n’a pu se contenter des eaux de pluie et de surface (rivières, lacs) ; il a donc réalisé en surface des barrages, des retenues, puis en profondeur des puits et des mines d‘eau. Il lui a fallu également réaliser des canaux, de nombreux petits ouvrages hydrauliques pour distribuer cette eau vers les terres souvent cultivées en terrasses dans les Cévennes et leur piémont.

                        Vue aérienne des terres cultivées en terrasses

L’homme a dû aussi organiser l’utilisation et le partage de cette eau entre les différents propriétaires pouvant en bénéficier, répartir les tâches et coûts d‘entretien des sources, puits, mines, des réseaux de canaux et des autres ouvrages.

En Cévennes de telles mines d’eau se trouvent tout autant dans les zones calcaires que dans celles occupées par les schistes.

Creusée dans des calcaires la mine d’eau de Montaigu en est un bel exemple. Elle a été soigneusement entretenue, rénovée. Elle est toujours en service et utilisée pour l’irrigation des terres cultivées sur les pentes en dessous. Son débit n’est pas régulier, il arrive même qu’en fin d’été elle soit tarie. L’excédent d’eau rejoint par un petit vallon le cours de l’Amous au fond de la vallée.

Elle se présente comme une galerie voûtée, au parement en pierre, de 1,90 m de haut et 1 m de large.

 

L'entrée est une section rectiligne, orientée nord-sud, bâtie et maçonnée, longue de 12 m. La partie inférieure est habillée de pierres et la partie voûtée a été bétonnée.

La seconde section, légèrement plus étroite et plus basse, non maçonnée, mesure environ 13 m et oblique légèrement vers l'ouest. Elle se termine par une petite salle voûtée grossièrement rectangulaire d'environ 2 m x 3 m.

Plusieurs petites veines d'eau débouchent dans cette galerie et dans la salle. Une rigole creusée au sol, légèrement en pente, les collecte et les conduit vers la sortie dans un bassin maçonné, profond de 1,5 à 2 m. Le trop-plein s'évacue dans le fossé qui longe la route.

Au toit, des stalactites paraissent s'aligner selon un réseau de petites fissures. La surface des parois est revêtue d'une mince couche de calcite ou aragonite.

Percée à 250 m d'altitude, elle se trouve à la limite entre les marnes noires et calcaires dolomitiques du Trias inférieu et les grès et dolomies gréseuses du Trias supérieur. Elle est dominée par des collines culminant à 400 m d'altitude formées de calcaires et dolomies du Lias.

Elle draine les eaux de précipitation qui ruissellent pour aller former des ruisseaux et rivières mais aussi s'infiltrent par les fissures et fracturations des roches et percolent lentement avec des parcours très sinueux. Son débit est très sensible à l'intensité des précipitations et cette source se tarit souvent en fin d'été.

 

Le savoir des Anciens

Des mines d'eau existaient depuis l'Antiquité. On ignore l'âge de celle-ci qui a été creusée à la pelle et au pic avant d'être consolidée par une voûte. Elle témoigne d'une observation précise des sols par les Anciens au fil des périodes sèches et pluvieuses, jusqu'à comprendre parfaitement la géologie du terrain. Ce savoir associé à leur intelligence des phénomènes hydriques leur permettait de situer l'existence d'une eau invisible qu'il suffirait d'atteindre pour la drainer.

L'aspect monumental de l'ensemble souligne son importance pour l'activité agricole ; après avoir irrigué les cultures en contrebas, l'eau restante formait un ruisseau, le Valat de Crozes, qui longeait le grand pré devant le château puis se jetait dans l'Amous.