Le sous-sol de cette petite vallée du Reigoux est formé de granite sur lequel se sont déposés des grès du Trias âgés de 200 à 250 millions d’années.

Ces grès sont minéralisés par de la galène, du sulfure de plomb (PbS), qui renferme également une proportion notable d’argent. D’autres minéraux sont également présents dont de la pyrite (sulfure de fer, FeS). Cette richesse a entrainé pendant près de 130 ans, au cours des XIXe et XXe siècles, une importante activité minière.

La présence d’argent aurait suscité une exploitation artisanale au XVIIe. Mais c’est l’attribution en 1833 d’une concession pour plomb argentifère qui va lancer une exploitation industrielle. C’est la concession de Saint Sébastien d’Aigrefeuille qui existera jusqu’en 1936.

Plusieurs périodes d’exploitation vont alors se succéder, avec autant d’arrêts ou de mises en sommeil dues à l’inexpérience des exploitants, les difficultés de l’extraction et du traitement du minerai qui est très dur, très abrasif et met à rude épreuve les outillages. Le manque fréquent de capitaux, d’investissements, les variations des cours des métaux créeront d’autres difficultés. En plus le gisement n’est pas très riche ; sa teneur peut atteindre 14 % en plomb dans les zones les plus riches mais la plupart du temps se trouve en moyenne bien inférieure à 10 % avec cependant une teneur en argent appréciable de 0,15 à 0,20 % ce qui représente1,5 à 2 kilogrammes d’argent par tonne de plomb.

Historique des exploitations

Il n’est pas impossible qu’il y ait eu des exploitations très anciennes mais il n’en reste pas de traces connues.

Dans l’histoire moderne on peut distinguer trois périodes.

1) au XIXe siècle.

Les travaux sont essentiellement souterrains, en ouvrant des galeries, extrayant le minerai, créant de vastes chambres tout en laissant en place et régulièrement des piliers pour soutenir la voûte. Des tentatives de traitement du minerai sont effectuées à proximité (Cendras) mais restent sans succès.

Plusieurs sociétés d’exploitation se succéderont sous la dénomination de Société des Mines de Plomb Argentifère de Carnoulès, ou de Société Anonyme de Mines de Plomb Argentifère et Usine de Carnoulès, etc.

Ces entreprises n’exploiteront que les zones riches, en particulier le vallon descendant de Carnoulès vers le fond de la vallée où vous vous trouvez. Sur ce même emplacement elles construiront une usine de traitement mécanique avec laverie pouvant traiter 16 tonnes de minerai par jour. Le concentré de galène produit est ensuite envoyé à Marseille pour traitement (extraction du plomb et de l’argent. En 1853 une fonderie sera ajoutée à l’usine, ce sera la seule durant toute l’exploitation.

La dernière entreprise fera faillite et sera liquidée en 1884.

2) durant la 1ère moitié du XXe siècle.

Un nouvel adjudicataire reprend les activités en 1900 et crée, en 1907, la Société Anonyme des Mines de Saint Sébastien d’Aigrefeuille. Cette société reprend l’exploitation souterraine, fait des essais, non concluants, d’exploitation en carrière, aménage une nouvelle usine sur le même emplacement. Mais les résultats ne sont pas satisfaisants, les travaux cessent en 1912.

En 1926 ce sont des investisseurs anglais qui s’intéressent à l’entreprise, y investissent, installent une nouvelle usine de traitement (capacité de100 tonnes par jour) avec atelier de flottation. L’exploitation se poursuit toujours en souterrain (chambres et piliers abandonnés). Ils procèdent eux-aussi à des tentatives d’exploitation en carrière, toujours infructueuses.

En 1936 la société renonce à la concession qui revient à l’État.

De ces deux premières périodes ne subsistent que quelques ouvertures de galeries, une cheminée d’aération, la plateforme en bordure du Reigoux sur laquelle ont été aménagées les usines successives. Du bord du ruisseau, en regardant vers l’aval, on peut apercevoir quelques vestiges du « tunnel » construit pour canaliser le cours du Reigoux sur lequel étaient alors déversés et stockés les sables résidus du traitement du minerai.

 

3) pendant la 2ème moitié du XXe siècle

En 1951 la société minière et métallurgique de Peňarroya entreprend une importante campagne de prospection par sondages et puits pour évaluer le potentiel et l’extension du gisement, notamment dans le secteur ouest, le vallon des Combettes. En 1953 elle obtient un permis d’exploitation (sur une surface plus vaste que celle de l’ancienne concession).

Les zones riches ayant été précédemment exploitées voire épuisées, le minerai laissé en place n’a plus qu’une teneur moyenne réduite qui s’établit autour de 3,5 à 4 % de plomb. Peňarroya va donc, de 1953 à 1962, exploiter à ciel ouvert, en carrière, en extrayant de forts volumes.

Cette méthode consiste à décaper la terre végétale de couverture puis enlever la couche supérieure stérile jusqu’au toit de la zone minéralisée. Le minerai est alors abattu à l’explosif, enlevé par pelleteuses et camions qui le transportent à l’usine voisine.

Peňarroya continuera les recherches pour trouver des extensions au gisement. Elle exploitera également en souterrain, essentiellement par reprise des anciens travaux.

Cette exploitation a laissé beaucoup de traces même si aujourd’hui une grande partie des surfaces décapées a été réoccupée par la végétation.

Une importante usine (concassage, broyage, lavage et séparation minerai-stérile par flottation) sera construite en 1957 au nord de la vallée du Reigoux ainsi que de nombreux logements pour ouvriers et ingénieurs.

En 1962, à une exploitation à la limite inférieure de rentabilité s’ajoute une conjoncture économique en dégradation. L’exploitation cesse, le permis d’exploitation abandonné. La plupart des installations sont alors démontées puis les terrains revendus.

Les tonnages de minerai extrait et les effectifs (cadres, employés et ouvriers) sont évalués ainsi :

- de 1833 à 1912, soit en 80 ans, 50 000 tonnes avec des effectifs de quelques dizaines de personnes pouvant brièvement dépasser la centaine.

- de 1927 à 1930, sur 4 ans, 50 000 t également avec une centaine d’ouvriers et employés.

- pendant la période Peňarroya, sur 12 ans, de 1951 à 1962, 1 250 000 t dont 16 000 en souterrain, avec des effectifs d’une centaine de personnes.

Ces chiffres soulignent très bien les disparités d’objectifs, de moyens techniques et de méthodes d’exploitation.

 

La Penarroya a entassé les déchets miniers toxiques dans une combe en haut du ruisseau Le Reigoux. A partir de 2010, l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) a mené des études approfondies de cette zone dite "des stériles". Après d'importants travaux de végétalisation de la surface, de captage et de canalisation des eaux de ruissellement, Saint Sébastien est considérée comme une commune modèle en matière de dépollution de stockage de déchets miniers.